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dans deux creux de lave dévorante… Mais avec l’aide de Dieu, Watson triompha des pièges de l’esprit du mal. Et maintenant, la voilà en règle avec Jésus… heureuse, oh ! bien heureuse, le cœur inondé de joie… Watson de Cardiff est sauvée, gloire à Dieu dans les cieux ! sauvée par la gloire de Dieu en Jésus-Christ… Et sur l’ordre de ses chefs, elle ira proclamer l’amour de Jésus, en chantant et prophétisant, fût-ce au sommet de la montagne la plus haute.

C’était effrayant, le contraste de ce vivant désespoir aux traits brûlés, convulsionnés, et de cet hosannah mystique, essayant de s’envoler dans un anglais roucoulant et zézayant – delicious, very delicious, – comme un pauvre oiseau blessé qui chanterait sa mort, les ailes sanglantes. Son témoignage fini, elle resta debout à la même place, inconsciente, anesthésiée, remuant ses lèvres mortes, pour une prière qu’on n’entendait pas.

« Emmenez-la… » dit Mme Autheman, pendant que l’orgue et le chœur entonnaient dans le brouhaha de la salle réveillée :

Pécheurs, fuyez la folie ;
Tournez vos pas vers Chanaan.