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qu’il coulait de temps en temps vers l’arrière.

« Voilà Petit-Port !… » fit-il au bout d’un moment, en montrant un village aux uniformes toits rouges disséminés sur les pentes un peu rases, jardins de maraîchers, carrés de fleurs ou de légumes, qui bordent, au-dessus d’Ablon, la rive gauche de la Seine… Dans un quart d’heure, nous serons à l’écluse… »

Sur la berge, un domaine d’allure ancienne et seigneuriale étalait en longueur ses toits à balustres, ses rangées de persiennes grises, ses charmilles touffues et taillées, avec une demi-lune gazonnée, entourée de bornes reliées de chaînes, en face de la porte d’entrée. Au delà, un parc immense grimpait la côte, une houle de grands arbres d’essences diverses que tranchait au milieu un vieil escalier de pierre, disjoint et piqué d’herbages, à la double rampe se recourbant en arc. Et comme les verdures étaient encore grêles, on apercevait aussi tout en haut la maçonnerie blanche, la croix de pierre lourde et neuve d’un grand tombeau de famille ou d’une chapelle.

« Le château des Autheman… », répondit Romain aux regards qui l’interrogeaient.