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garde la pendule et dit : « Comme il est tard ! »

— Pourvu qu’il ne manque pas le train… » répond Zénaïde qui ne pense qu’à son futur, et depuis qu’il est parti, le suit dans toutes les étapes de son voyage… Le voilà au bout du pays… Il appelle le passeur… Il monte en bateau…

— Il doit faire froid sur la Loire ! » s’écrie-t-elle en achevant tout haut son rêve.

— Oh ! oui, bien froid… répond la belle-mère en frissonnant ; mais ce n’est pas pour le beau brigadier qu’elle se tourmente. Dix heures sonnent. Elle se lève vivement, d’une détente, comme on fait pour renvoyer les importuns :

— Si nous allions nous coucher.

Puis, voyant l’apprenti qui se dispose à donner à la porte, comme tous les soirs, un dernier tour de clef, elle s’élance pour l’arrêter :

— C’est fait, c’est fait. J’ai fermé, montons.

Mais cette Zénaïde n’en finit plus de parler de son Mangin.

— Trouvez-vous que cela va bien, Jack, les moustaches blondes ? Combien donc ça paye-t-il d’entrée les graines olaégi… oléagineuses ?

Jack ne s’en souvient plus. Il faudra qu’elle en parle à M. Mangin. C’est si intéressant cette question des tarifs !

— Voulez-vous aller vous coucher, oui ou non ? demande madame Roudic en feignant de rire, mais fré-