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quelques arpents à l’abri de la mer, on n’en demanderait pas davantage.

Pendant qu’ils discutaient, Jack, escorté des deux femmes, entra dans la maison. Elle n’était pas grande et se composait d’un rez-de-chaussée coupé en deux pièces, dont l’une s’appelait « la salle, » embellie d’un fauteuil et de quelques gros coquillages sur la cheminée. En haut se retrouvait la même disposition. Pas de papier aux murs, une couche de chaux souvent renouvelée, de grands lits à baldaquins avec des rideaux de vieille perse à ramages, roses, bleu-tendre, ornés de franges à boules. Dans la chambre de Zénaïde, le lit était une espèce de placard ouvert dans la muraille, à l’ancienne mode bretonne. Une armoire en chêne sculpté et ferrée, des images de sainteté accrochées partout avec des chapelets de toutes sortes, en ivoire, en coquilles, en graines d’Amérique, composaient l’ameublement. Dans un coin, un paravent à grandes fleurs dissimulait l’échelle qui montait à la soupente de l’apprenti et formait un petit étage ambulant et tremblant.

— Voilà où je couche, moi, dit Zénaïde. Vous, mon garçon, vous êtes là-haut juste au-dessus de ma tête. Mais ne vous gênez pas pour ça, vous pouvez marcher, vous pouvez danser, j’ai le sommeil dur.

On lui alluma une grosse lanterne ; puis il dit bonsoir et grimpa dans sa soupente, vrai galetas où le soleil donnait si fort que, même à cette heure de nuit,