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trouve, tu pourras me donner quelques consultations.

— Voilà qui me retient tout à fait… Tu sais ce que je t’ai dit : Rivals ne connaît rien à ton affaire. En un mois, je me charge de te mettre sur pieds.

— Eh bien, et le gymnase ? Et Moronval ? s’écria Labassindre, furieux de voir l’autre prendre un plaisir qu’il ne partagerait pas.

— Ah ! tant pis, j’en ai assez du gymnase, et de Moronval, et de la méthode Decostère…

Là dessus, le docteur Hirsch, assuré d’un gîte et de la pâtée pour quelque temps, éclata en plaintes, en imprécations contre l’institution qui le nourrissait. Moronval n’était qu’un faiseur ; il n’avait plus le sou, il ne payait jamais. D’ailleurs, tout le monde le quittait. L’affaire de Mâdou lui avait fait le plus grand tort.

Les autres renchérissant encore, on fit des Moronval un véritable carnage. On alla jusqu’à complimenter Jack de son escapade qui avait, paraît-il, mis le mulâtre dans un tel état de colère bilieuse qu’il en avait eu la jaunisse.

Une fois lancés sur ce terrain, qui leur était familier, les trois amis ne s’arrêtèrent plus, et toute la soirée se passa à « casser du sucre, » comme ils disaient dans leur argot.

Labassindre en cassa sur la tête des premiers sujets de l’Opéra, cabotins poseurs sans voix ni talent. Il en cassa sur la tête de son directeur qui le laissait exprès