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C’est l’arche de Noé, cette maison… Au fait, ça me fait penser que je n’ai pas donné à manger à mes poules. Ton arrivée m’a tant émotionnée… Oh ! quand je t’ai aperçu là, sur la route, dans cet état… Allons, dors, repose-toi encore un peu. Je te réveillerai pour le dîner. Mais avant, bois un peu de bouillon froid. Tu sais ce que M. Rivals a dit ; pour te remettre, il ne faut que du sommeil et de la nourriture… Il est bon, hein ? le bouillon de la mère Archambauld… Pauvre chéri, quand je pense que pendant que je dormais, tu courais seul par les chemins. C’est horrible… Entends-tu mes poules qui m’appellent ? J’y vais… Dors bien. »

Elle s’en alla sur la pointe des pieds, légère, heureuse, toujours charmante, quoique un peu hâlée par l’air vif et trop habillée dans un costume de convention champêtre avec beaucoup de velours noir sur de la toile bise et un chapeau de paille d’Italie garni de fleurs tombantes. Plus enfant que jamais, elle jouait à la campagne.

Jack ne pouvait pas dormir. Les quelques heures de repos qu’il avait eues en arrivant, son bain, le bouillon de la mère Archambauld, et par-dessus tout la merveilleuse élasticité de la jeunesse, sa force souple de résistance avaient eu raison de sa courbature. Il regardait autour de lui, savourant le bien-être de ce milieu si calme.

Ce n’était plus l’ancien luxe du boulevard Hauss-