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en a un ; je peux bien en avoir un aussi, je pense.

– Sans doute, sans doute, dit le bon Risler, qui regarde autour de lui avec un peu d’inquiétude… C’est donc cela que j’ai vu tant de fleurs partout, sur le palier, dans le salon.

– Oui, ce matin la bonne est descendue au jardin… Est-ce que j’ai eu tort ? Oh ! vous ne le dites pas, mais je suis sûre que vous pensez que j’ai eu tort… Dame ! je croyais que les fleurs du jardin étaient à nous comme à eux.

– Certainement… pourtant tu… vous… il aurait peut-être mieux valu…

– Le demander ?… C’est cela… m’humilier encore à propos de quelques méchants chrysanthèmes et de deux ou trois brins de verdure. D’ailleurs je ne me suis pas cachée pour les prendre, ces fleurs ; et quand elle montera tout à l’heure…

– Est-ce qu’elle doit venir ? Ah ! c’est gentil.

Sidonie bondit, indignée :

– Comment ! C’est gentil ?… Il ne manquerait plus que cela, par exemple, qu’elle ne vint pas. Moi qui vais tous les mercredis m’ennuyer chez elle avec un tas de poseuses, de grimacières.

Elle ne dit pas que ces mercredis de madame Fromont lui ont beaucoup servi, qu’ils sont pour elle comme un journal de modes hebdomadaire, une de ces petites publications composites où il y a la façon d’entrer, de sortir, de saluer, de placer des fleurs sur une jardinière et des cigares dans un fumoir, sans compter les gravures, le défilé de tout ce qui se porte avec