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XXII - LE NOUVEAU COMMIS DE LA MAISON FROMONT


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Il faisait grand jour quand Fromont jeune se réveilla. Toute la nuit, entre le drame qui se jouait au-dessous de lui et la fête qui chantait au-dessous, il avait dormi à poings fermés dans un de ces sommeils d’anéantissement comme en ont les criminels la veille de l’exécution, les généraux vaincus la nuit de leur déroute ; sommeil dont on souhaiterait ne jamais se réveiller et où la mort s’apprend d’avance par l’absence de toute sensation.

La grande lumière qui pénétrait à travers ses rideaux, doublée par l’épaisseur de neige dont le jardin et les toits environnants étaient couverts, le rappela au sentiment de la réalité. Il sentit une secousse dans tout son être, et même avant de penser, cette vague impression de tristesse que les malheurs oubliés laissent à leur place. Tous les bruits connus de la fabrique, la respiration