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vieux Sigismond et madame Georges, que le caissier était allé chercher, dans sa détresse. Aussitôt que Risler put parler, c’est à elle qu’il s’adressa en suffoquant :

– Est-ce vrai, madame Chorche, est-ce vrai ce qu’on vient de me dire ?

Elle n’eut pas le courage de le tromper et détourna le regard.

– Ainsi, continua le malheureux, ainsi la maison est perdue, et c’est moi…

– Non, Risler, mon ami… Non ce n’est pas vous…

– Ma femme, n’est-ce pas ? Oh ! c’est horrible… Voilà donc comme je vous ai payé ma dette de reconnaissance… Mais, vous, madame Chorche, vous n’avez pas pu me croire complice de cette infamie ?…

– Non, mon ami, non, calmez-vous… Je sais que vous êtes le plus honnête homme de la terre.

Il la regarda un moment, les lèvres tremblantes, les mains jointes, car toutes les manifestations de cette nature naïve avaient quelque chose d’enfantin.

– Oh ! madame Chorche, madame Chorche… murmurait-il… Quand je pense que c’est moi qui vous ai ruinée…

Dans ce grand coup qui le frappait et dont son cœur plein d’amour pour Sidonie était surtout atteint, il ne voulait voir que le désastre financier de la maison Fromont causé par son aveuglement pour sa femme. Tout à coup il se dressa brusquement :

– Allons, dit-il, ne nous attendrissons pas… Il s’agit de régler nos comptes…

Madame Fromont eut peur.