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Et, poussant vivement la porte, du seuil, avant d’entrer, il cria de sa grosse voix bon enfant :

– Devine qui j’amène. Madame Dobson, assise toute seule devant le piano, fit un bond sur son tabouret, et au fond du grand salon, derrière les plantes exotiques qui montaient au-dessus d’une table dont elles semblaient continuer le dessin pur et élancé, Georges Fromont et Sidonie se dressèrent précipitamment.

– Ah ! vous m’avez fait peur… dit celle-ci en courant vers Risler.

Les ruches de son peignoir blanc, que des rubans bleus traversaient comme des petits coins de ciel emmêlés de nuages, tourbillonnèrent sur le tapis, et, déjà remise de son embarras, très droite avec un air aimable et son éternel petit sourire, elle vint embrasser son mari et tendit son front à Frantz en lui disant.

– Bonjour, mon frère.

Risler les laissa en face l’un de l’autre et s’approcha de Fromont jeune, qu’il était très étonné de trouver là :

– Comment ! Chorche, vous voilà ?… Je vous croyais à Savigny…

– Mais, oui, figurez-vous… J’étais venu… Je pensais que le dimanche vous restiez à Asnières… C’était pour vous parler d’une affaire…

Vivement, en s’entortillant dans ses phrases, il se mit à l’entretenir d’une commande importante. Après quelques paroles insignifiantes échangées avec Frantz impassible, Sidonie avait disparu. Madame Dobson continuait