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Nous avons lieu d’être satisfaits, surtout pour notre première année… Nous avons chacun quarante mille francs de bénéfice ; et comme j’ai pensé que vous auriez peut-être besoin d’argent pour donner des étrennes à votre femme… »

Sans oser regarder en face l’honnête homme qu’il était en train de tromper, Fromont jeune posa sur la table une liasse de chèques et de billets.

Risler aîné eut un moment d’émotion. Tant d’argent à la fois, pour lui, pour lui seul ! Il pensa tout de suite à la générosité de ces Fromont, qui l’avaient fait ce qu’il était, puis à sa petite Sidonie, à ce souhait si souvent exprimé par elle et qu’il allait pouvoir satisfaire. Les larmes aux yeux, un bon sourire aux lèvres, il tendit les deux mains à son associé :

– Je suis content… je suis content…

C’était son mot des grandes occasions. Puis montrant les liasses de billets étalés devant lui avec ce léger feuilletage qui en fait de si fugitives paperasses toujours prêtes à s’envoler :

– Savez-vous ce que c’est que ça ? dit-il à Georges d’un air de triomphe… Ça, c’est la maison de campagne de Sidonie.

Parbleu !