Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée

IX - À SAVIGNY


___________________


Ce fut un grand malheur que ce séjour des deux ménages à Savigny pendant un mois. Après deux ans, Georges et Sidonie se retrouvaient l’un à côté de l’autre dans la vieille propriété trop ancienne pour ne pas être toujours semblable à elle-même, et où les cailloux, les étangs, les arbres, immuables, semblaient une dérision à tout ce qui change et qui passe. Il aurait fallu deux âmes autrement trempées, autrement honnêtes, pour que ce rapprochement ne leur fût pas funeste.

Quant à Claire, jamais elle n’avait été si heureuse, jamais Savigny ne lui avait semblé si beau. Quelle joie de promener son enfant sur les pelouses, où toute petite elle-même avait marché, de s’asseoir jeune mère sur les bancs ombragés d’où sa mère à elle surveillait ses jeux d’autrefois, d’aller reconnaître au bras de Georges les