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LES CAVALCADES


Après la démonstration des orphéons, vinrent les cavalcades historiques au bénéfice des blessés. Rien de gracieux comme de voir, par un dimanche de beau soleil, toute cette vaillante jeunesse tarasconaise, en bottes molles et collant de couleur tendre, quêter de porte en porte et caracoler sous les balcons avec de grandes hallebardes et des filets à papillons ; mais, le plus beau de tout, ce fut un carrousel patriotique — François Ier à la bataille de Pavie — que ces messieurs du Cercle donnèrent trois jours de suite sur l’Esplanade. Qui n’a pas vu cela n’a jamais rien vu. Le théâtre de Marseille avait prêté les costumes ; l’or, la soie, le velours, les étendards brodés, les écus d’armes, les cimiers, les caparaçons, les rubans, les nœuds, les bouffettes, les fers de lance, les cuirasses faisaient flamber et papilloter l’Esplanade comme un miroir aux alouettes. Par là-dessus, un grand coup de mistral qui secouait toute cette lumière. C’était quelque chose de magnifique. Malheureusement, lorsque, après une lutte acharnée,