près de lui, et nous restâmes là cachés, à regarder entre les feuilles.
Dans les champs, c’était une terrible fusillade. À chaque coup, je fermais les yeux, tout étourdi ; puis, quand je me décidais à les ouvrir, je voyais la plaine grande et nue, les chiens courant, furetant dans les brins d’herbe, dans les javelles, tournant sur eux-mêmes comme des fous. Derrière eux les chasseurs juraient, appelaient ; les fusils brillaient au soleil. Un moment, dans un petit nuage de fumée, je crus voir — quoiqu’il n’y eût aucun arbre alentour — voler comme des feuilles éparpillées. Mais mon vieux coq me dit que c’étaient des plumes ; et en effet, à cent pas devant nous, un superbe perdreau gris tombait dans le sillon en renversant sa tête sanglante.
Quand le soleil fut très chaud, très haut, la fusillade s’arrêta subitement. Les chasseurs revenaient vers la petite maison, où l’on entendait pétiller un grand feu de sarments. Ils causaient entre eux, le fusil sur l’épaule, discutaient les coups, pendant que leurs chiens venaient derrière, harassés, la langue pendante…
« Ils vont déjeuner, me dit mon compagnon, faisons comme eux. »
Et nous entrâmes dans un champ de sarrasin qui est tout près du bois, un grand champ