Page:Daudet - Contes du lundi, Lemerre, 1880.djvu/330

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LES ÉMOTIONS
d’un perdreau rouge



Vous savez que les perdreaux vont par bandes, et nichent ensemble aux creux des sillons, pour s’enlever à la moindre alerte, éparpillés dans la volée comme une poignée de grains qu’on sème. Notre compagnie à nous est gaie et nombreuse, établie en plaine sur la lisière d’un grand bois, ayant du butin et de beaux abris de deux côtés. Aussi, depuis que je savais courir bien emplumé, bien nourri, je me trouvais très heureux de vivre. Pourtant quelque chose m’inquiétait un peu, c’était cette fameuse ouverture de la chasse dont nos mères commençaient à parler tout bas entre elles. Un ancien de notre compagnie me disait toujours à ce propos :