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LE DERNIER LIVRE


« Il est mort !… » me dit quelqu’un dans l’escalier.

Depuis plusieurs jours déjà, je la sentais venir, la lugubre nouvelle. Je savais que d’un moment à l’autre j’allais la trouver à cette porte ; et pourtant elle me frappa comme quelque chose d’inattendu. Le cœur gros, les lèvres tremblantes, j’entrai dans cet humble logis d’homme de lettres où le cabinet de travail tenait la plus grande place, où l’étude despotique avait pris tout le bien-être, toute la clarté de la maison.

Il était là, couché sur un lit de fer très bas, et sa table chargée de papiers, sa grande écriture interrompue au milieu des pages, sa plume encore debout dans l’encrier disaient combien la mort l’avait frappé subitement.