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AVEC
LES TROIS CENT MILLE FRANCS
QUE M’A PROMIS GIRARDIN !…



Ne vous est-il jamais arrivé de sortir de chez vous, le pied léger et l’âme heureuse, et, après deux heures de courses dans Paris, de rentrer tout mal en train, affaissé par une tristesse sans cause, un malaise incompréhensible ? Vous vous dites : « Qu’est-ce que j’ai donc ?… » Mais vous avez beau chercher, vous ne trouvez rien. Toutes vos courses ont été bonnes, le trottoir sec, le soleil chaud ; et pourtant vous vous sentez au cœur une angoisse douloureuse, comme l’impression d’un chagrin ressenti.

C’est qu’en ce grand Paris, où la foule se sent inobservée et libre, on ne peut faire un pas sans se heurter à quelque détresse enva-