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pour dire qu’il était prêt à signer son abdication et à en faire savoir le motif à ses sujets. Puis Boscovich se leva, et de sa petite voix aiguë et bredouillante lut le manifeste de Christian à la nation, l’historique rapide, à grands traits, des premières espérances du règne, les déceptions, les malentendus qui avaient suivi, et enfin la résolution du roi de se retirer des affaires publiques et de confier son fils à la générosité du peuple illyrien. Cette courte lettre, où la griffe d’Élisée Méraut avait mis partout sa marque, fut si mal lue, comme une ennuyeuse nomenclature de botanique, qu’elle laissait à la réflexion le temps de saisir tout ce qu’il y avait de vain, de dérisoire, dans cette abdication d’un prince exilé, cette transmission de pouvoirs qui n’existaient pas, de droits niés et méconnus. L’acte lui-même, lu ensuite par le roi, était ainsi formulé :

« Moi, Christian II, roi d’Illyrie et de Dalmatie, grand-duc de Bosnie et d’Herzégovine, etc… etc… déclare que de mon propre mouvement et sans céder à aucune pression étrangère, je laisse et transporte à mon fils Charles-Alexis-Léopold, comte de Goetz et de Zara, tous mes droits politiques, n’entendant conserver sur lui que mes droits civils de père et de tuteur. »

Aussitôt sur un signe du duc de Rosen, tous