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dale du perruquier Biscarat arborant les mêmes insignes sur sa veste de Figaro. Au bras, à la garde de l’épée, le général avait un long crêpe tout neuf, et, plus significatif encore que ce crêpe, un branlement sénile de la tête, une façon inconsciente de dire toujours « non… non… » qu’il gardait depuis le terrible débat en sa présence au sujet de la grâce d’Herbert, débat auquel il avait énergiquement refusé de prendre part malgré les prières de Colette et les révoltes de sa tendresse paternelle. Il semblait que son petit crâne d’émouchet tout branlant portât la peine de ce refus antihumain et qu’il fût condamné désormais à dire non à toute impression, à tout sentiment, à la vie elle-même, rien ne lui étant plus, rien ne pouvant l’intéresser après la fin tragique de son fils.

La princesse Colette était là aussi, portant avec beaucoup de goût son deuil de blonde, ce veuvage que distrayait un espoir déjà saillant dans sa taille alourdie, sa démarche plus lente. Même au milieu d’un chagrin très sincère, cette petite âme de modiste, encombrée de futilités et que la sévérité du destin n’avait pas corrigée, trouvait à satisfaire grâce à l’enfant une foule de vanités coquettes, fanfrelucheuses. Les rubans, les dentelles, le trousseau superbe qu’elle faisait broder d’un chiffre original sous sa couronne princière, servait de diversion à sa tristesse. Le baby s’appellerait Wenceslas ou