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se disait d’un ton posé, pur de toute émotion amoureuse : « Pourvu que Tom ait fait le necessaire !… »

Bien certainement le nécessaire était fait ; car à l’arrivée du train à Marseille, Christian II, descendant de wagon, sa petite valise à la main, fut très étonné de voir une casquette plate à galons d’argent s’approcher de lui et le prier fort poliment d’entrer un instant dans son bureau.

— Pourquoi faire ?… Qui êtes-vous ? demanda le roi de très haut.

La casquette plate se nomma :

— Commissaire de surveillance !…

Dans le bureau, Christian trouva le préfet de Marseille, un ancien journaliste, à barbe rousse, figure vive et spirituelle.

— J’ai le regret d’annoncer à Votre Majesté que son voyage s’arrête ici, dit ce dernier avec un ton de politesse exquise… Mon gouvernement ne saurait permettre qu’un prince auquel la France donne l’hospitalité en profite pour conspirer et armer contre un pays ami.

Le roi voulut protester. Mais les moindres détails de l’expédition étaient connus du préfet :

— Vous deviez vous embarquer à Marseille ; vos compagnons à Cette sur un steamer de Jersey… Le lieu de débarquement était la plage de Gravosa ; le signal deux fusées, partant l’une