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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

LE VOTE DES FEMMES EN ANGLETERRE.


La polémique qui depuis plusieurs années agite l’Angleterre au sujet du suffrage des femmes ; la variété et la force des arguments employés par les promoteurs de cette innovation ; le succès qui a déjà couronné leurs efforts soutenus, sont une grande leçon de liberté et de droit public pour nous.

Aussi reproduirai-je, si l’espace me le permet, tous les discours prononcés dans la dernière assemblée tenue à Londres par l’Association pour le suffrage des femmes.

On sait, qu’après avoir conquis le vote municipal, elles revendiquent le vote au Parlement ; cette cause, portée plusieurs fois déjà devant les Chambres, vient d’y être plaidée de nouveau au mois de mai, avec une éloquente conviction, par M. Jacob Bright. Quoiqu’une liberté illimitée de la parole et de la presse, affranchie de l’amende, du cautionnement et du timbre ; quoique des milliers de pétitions et de lettres motivées, aient permis aux promoteurs et aux promotrices de la réforme d’étudier toutes les faces de la question et de les livrer aux longues méditations des législateurs, ils ne se croient pas suffisamment éclairés. M. Glastone, organe du gouvernement, tout en déclarant qu’il regarde comme utile le suffrage des femmes pour le Parlement comme pour la commune, a demandé quelque temps encore pour l’étude des meilleurs moyens d’application.

Cette investigation patiente, persévérante et éclairée dans la recherche du bien et du mieux ; ce règne immuable de la justice des choses, substitué à la volonté immuable d’hommes injustes, peut nous faire comprendre pourquoi les Anglais, respectant leurs lois comme l’expression de la raison générale, préviennent les révolutions par les réformes.