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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

conduisent aux fonctions lucratives ou élevées. Mais il faut rougir surtout de voir que, dans les plus humbles métiers, une raison d’état arbitraire, repoussant les salutaires leçons de l’expérience, nous ait bannies pour cause d’infériorité, et même d’incapacité présumée.

Comme je l’ai démontré la réaction contre cet absolutisme doit commencer par la réforme de l’instruction primaire, qui, en développant les facultés, préparera les voies à l’enseignement spécial et donnera l’indépendance à la fille du peuple par un travail honnête.

La révision ou plutôt la sanction des lois sur l’apprentissage est une autre condition essentielle du libre développement physique, intellectuel et moral de la jeune fille dans les travaux appropriés à sa nature. Dès qu’elle pourra s’appliquer à un métier sans craindre l’exploitation, il lui sera permis de lutter à armes égales et de faire lever les prohibitions qui la frappent dans certains ateliers pour des emplois aussi féminins que ceux de l’imprimerie.

L’enseignement de couture des écoles de filles et des ouvroirs, impropre à fournir un gagne-pain, n’est pas même suivi dans les départements qui ont une industrie prédominante ; certains métiers s’y apprennent à si peu de frais, et en si peu de temps, que l’apprentissage se ferait avec plus de fruit en dehors des écoles, si la spécialité de profession ne nuisait pas à l’éducation générale, et si la jeune fille trouvait son développement normal sous le toit domestique. Mais à l’atelier, comme au foyer des patrons, toute adolescente doit apprendre un emploi assez lucratif pour en tirer une indépendance honnête.