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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

sa toilette, aux amusements les plus égoïstes, à tous les genres d’occupation du caractère le plus frivole, et la société n’aura pas un mot d’objection ; mais si cette femme donne le même temps à des réunions pour l’encouragement de causes auxquelles elle est si grandement intéressée ; si elle désire voter pour appuyer des candidats dont elle croit l’élection importante pour le pays, alors on pense qu’elle est impropre aux devoirs de la femme et de la famille (she is thought to be unfeminine and undomestic), et la société n’a pas de termes assez forts pour la condamner. Certainement il y a là pour moi une grave inconséquence ; mais je ne demande pas aux femmes de sacrifier tout amusement légitime et de changer d’occupations ; je ne demande point à celles qui pensent ainsi de changer d’opinion et de conduite ; qu’elles continuent d’agir comme elles l’ont fait, si elles sont satisfaites de leur position et de leurs occupations actuelles ; je réclame seulement (et c’est, je pense, une humble requête) qu’elles ne s’interposent point par leur ridicule, par leur indifférence et par leur hostilité pour empêcher d’autres femmes, moins satisfaites qu’elles ne le sont elles-mêmes, de seconder de tout leur pouvoir le progrès de leur sexe et, si possible, le progrès général de la société.



LE SUFFRAGE DES FEMMES AUX ÉTATS-UNIS


Le mouvement d’émancipation politique des femmes est très-curieux à suivre dans les deux mondes. Un amendement apporté en faveur des nègres à la constitution des États-Unis déclare que toute personne née dans ce pays y est citoyenne. Or les Américaines réclament les droits civi-