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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

pour la femme ; si ce principe est faux au contraire, tous, remis en tutelle, doivent être, comme ils l’étaient sous notre ancien régime, soumis à des réglementations et à des incapacités décrétées d’avance.




OBJECTIONS


Les électeurs hommes sont déjà trop ignorants et trop immoraux pour que nous désirions voir voter des femmes encore plus ignorantes et plus immorales qu’ils « ne le sont. »

Ô esprit généralisateur et centralisateur qui as perdu la France, voilà bien de tes coups ! Pour t’épargner la peine de la réflexion, tu comprends sous le nom d’électeur tout ce qui est immoral et illettré en France, et Dieu sait quand nous pourrons te faire sortir de là ! Petite tête à l’évent, tu as donc décidé, dans quelque case de ta cervelle étroite, que toute femme, si morale et si instruite qu’elle puisse être, est nécessairement plus immorale et plus ignorante que n’importe quel électeur masculin ; tu l’as dit, je m’incline ; je dois te reconnaître pour maître, puisque tu règnes encore des Alpes à l’Atlantique et aux Pyrénées : magister dixit.

Tout en subissant l’autorité écrasante de ton despotisme, je me permets pourtant de te faire remarquer que si le suffrage tel qu’il est actuellement organisé est un mal, il faut se garder de le tolérer plus longtemps ; que si, au contraire, par des réformes rationnelles, il peut devenir un bien, il faut se garder d’en limiter l’application.

Réfléchis à cela, aimable concitoyen, si toutefois ton cerveau est de taille à suffire à cette rude besogne. Sinon,