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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME



DIXIÈME LIVRAISON.


CARRIÈRES PROFESSIONNELLES POUR LES FEMMES.


Le nombre des congrégations enseignantes de femmes, qui a triplé dans ces vingt dernières années, fait que dans l’instruction primaire seulement les religieuses enseignent deux filles sur trois, tandis que les religieux n’instruisent qu’un garçon sur cinq. Pour l’enseignement supérieur des pensionnats, l’institutrice séculière a succombé à tel point dans les petites villes que le combat contre le cloître a cessé depuis longtemps déjà, faute de concurrence. Cette oppression, qui empêche notre enseignement laïc de recruter un personnel honorable, livre les écoles de filles aux méthodes routinières du couvent dans les communes mêmes qui accordent la gratuité absolue d’instruction. Il y a là une cause d’antagonisme sur laquelle on ne saurait trop attirer l’attention des vrais législateurs, c’est-à-dire des hommes de progrès. Certes si le sentiment de la justice m’a fait un devoir de démontrer que le principe de l’enseignement laïc ne doit ni ne peut être absolu, le même sentiment de la vraie liberté m’oblige à m’élever contre des privilèges scandaleux, causes des réactions sanglantes qui déchirent si souvent notre malheureux pays.

Si nous cessons enfin de réagir d’une manière maladroite et impuissante contre les effets du mal, pour chercher à le combattre dans ses causes, nous verrons que