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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME


OBJECTIONS.


Faute d’espace, je dois me borner à résumer brièvement quelques objections contre le suffrage des femmes. On nous a dit d’attendre un gouvernement libéral qui nous mette lui-même en possession de nos droits, ce qui est une preuve nouvelle de l’inertie où jette la désuétude de la liberté. L’inaction et la contrainte dans lesquelles vivent la plupart des femmes ont produit sur elles les mêmes effets que le despotisme sur les hommes ; pendant que les Anglaises montrent assez d’énergie pour faire abroger une loi, ces femmes ne se sentent pas le courage d’en faire sanctionner une, sous un gouvernement qui, sans rien enlever au mérite de celui de M. Glastone, l’égale s’il ne le surpasse en libéralisme. La question du suffrage des femmes s’impose du reste à tel point chez nous, que l’Empire la faisait examiner au sénat, plaider dans la presse par ses organes sérieux et badins, et qu’il assurait sa tolérance la plus large aux femmes qui hésitaient à recevoir quelque chose de ses fonctionnaires irresponsables. Aussi ai-je pu affirmer à des Anglaises et à des Américaines que nous serions avant elles en possession du vote, si un jour venait que nos fonctionnaires obéissent à la loi au lieu de lui commander. Il ne faut pas pour cela attendre que le gouvernement se charge de faire voter les femmes sans elles et malgré elles ; il ne leur doit rien que le laisser-faire et le laisser-passer ; son abstention est ici la mesure de son libéralisme. M. L. Say, préfet de la Seine, en rappelant aux maires que la composition des listes électorales est laissée à leur discrétion, a donné un exemple habile de décentralisation administrative dont plusieurs personnes ont pris acte. Si cette affirmation ne suffisait point, il faudrait en appeler au ministre actuel de l’intérieur, M. Casimir Périer, et lui mettre sous les yeux la circulaire où il dit aux pré-