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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME


LE VOTE DES FEMMES EN ANGLETERRE[1]


DISCOURS DE M. JACOB BRIGHT, MEMBRE DU PARLEMENT.


Madame la présidente, Mesdames et Messieurs,

On m’a demandé de faire la motion suivante : « L’extension du suffrage tant qu’il sera interdit aux femmes est une injure positive pour elles, puisqu’il fait d’elles seules et tout d’un coup une classe d’incapables. »

Je ne pense pas que quelqu’un ici désapprouve cette adresse. Tant qu’un très-petit nombre de personnes possédaient seules les franchises, et tant que ce petit nombre était, pour ainsi dire, une classe isolée, on pouvait ne pas remarquer la complète exclusion des femmes ; mais aujourd’hui que cette disposition est entièrement changées ; quand dans nos villes représentées au parlement, du moins, tout homme peut posséder les franchises, la question apparaît toute différente. Une partie de la population de ses villes (boroughs), portion assez considérable, je le crains, a reçu le nom de résidu. Cette lie, comme vous le savez, est complètement illettrée ; ses habitudes et sa condition générale sont si misérables que, quand nous y réfléchissons, nous sommes presque honteux de revendiquer pour ce pays le caractère d’un peuple civilisé ; quand cette lie est comme maintenant en possession de franchises, il peut sembler assez singulier qu’aucune femme, quelle que soit sa condition, quel que soit son caractère, ne puisse avoir l’influence d’envoyer par son vote un seul membre au Parlement.

Comme on m’a demandé de présenter à la Chambre des communes, avec mon ami M. Ch. Dilke, le bill pour faire cesser l’incapacité électorale des femmes, peut-être

  1. Rapport d’un meeting tenu à Londres par la Société nationale pour le suffrage des femmes.