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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

dons comme une preuve que la ligne de démarcation qui existait entre l’éducation et le développement intellectuel des hommes et des femmes va désormais cesser ; que nous, hommes, devons inviter les femmes à devenir nos associées pour des sujets du plus haut intérêt intellectuel ; pour des sujets dont nous faisons dériver ce qu’il y a de meilleur et de plus noble dans nos plaisirs et ce qui donne du prix à la vie.

On me dira, je le sais, que ce changement fera perdre quelque charme à nos foyers ; mais je suis complétement d’accord avec les orateurs qui nient ce résultat.

D’abord je dois avouer que, bien qu’il soit possible de voir mille mariages heureux, j’ose toutefois affirmer qu’il est très-difficile en effet de trouver un mariage n’importe où dans ce pays, duquel on puisse dire sans hésitation que le mari et la femme sont complètement assortis l’un à l’autre. Ce qui me frappe toujours, c’est qu’un mari prend toutes ses grandes sources d’intérêt hors de sa maison ; il y a une certaine ligne tirée sur le seuil de ce foyer, en dehors duquel est tout ce qui invite aux intérêts les plus élevés et les plus grands de sa nature intellectuelle ; mais il me semble qu’il a l’habitude de réserver trop souvent à ce foyer la plus mauvaise, la plus vulgaire, et, j’ose même le dire, la plus maussade partie de sa nature. Je proteste contre cette division et je veux la prendre pour un moment au point de vue tout personnel qui suit : quel homme ici présent aujourd’hui n’a pas senti que l’influence de la femme a été très-grande sur sa vie ? Quel homme ici ne sent pas que sa vie et son caractère, tels qu’ils sont, n’ont pas été extrêmement façonnés et formés par l’influence d’une femme ? Y a-t-il ici un homme qui ne comprenne pas que ces influences auraient été plus puissantes pour le conduire au bien si les femmes avec lesquelles il a entretenu des relations avaient reçu la même éducation, le même, développement intellectuel que peut-être il a reçu, et dans le fait étaient en plus grande sympathie intellectuelle avec lui ? Je crois très-sincèrement et je n’ai pas honte de l’avouer, que les hommes ne sont pas assez bons, que les hommes ne sont