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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

lycées nationaux, de nos deux cent soixante colléges communaux et de nos écoles professionnelles et normales à tous les degrés qui reçoivent des subventions sur les deniers publics. Et même, après cet acte d’équité sociale, l’enseignement des filles trouverait dans l’enseignement congréganiste, jusqu’ici seul dominant, une concurrence plus redoutable que l’enseignement des garçons, les congrégations de femmes étant beaucoup plus nombreuses que celles d’hommes.

Le droit conquis naguère par les femmes de prendre des inscriptions en Sorbonne leur ouvre aussi aux cours un accès dont les simples auditrices doivent profiter comme les auditeurs. La faculté de théologie même ne nous exclura plus, il faut l’espérer, de ses cours de morale évangélique quand la société pratiquera les enseignements du Christ et se rappellera ses traditions. Maintes écoles supérieures, comme celles des Ponts et chaussées et des Mines, peuvent vulgariser de saines notions sur les sciences naturelles et l’économie politique. Nos écoles des chartes peuvent préparer à la France les femmes archivistes qu’elles donnent aux États-Unis ; les écoles de droit nous ouvriront surtout l’accès à ces carrières qui, relevant de l’initiative individuelle, doivent être tout d’abord laissées aux lois de la liberté et de la concurrence. Nos diverses écoles d’art abjureront aussi leur monopole ; l’école des beaux-arts de Paris, qui enseigne à un si éminent degré l’imitation des maîtres et la composition, ne limitera pas plus longtemps aux jeunes hommes ses bourses départementales et rougira bientôt, il faut l’espérer, de n’ouvrir ses portes aux jeunes filles qu’à titre de modèles, etc[1].

Lorsque le droit commun nous sera acquis pour toutes les études libérales, la femme trouvera surtout un vaste champ d’activité dans l’exercice de la médecine ; mais ici il faudrait débuter par l’instruction professionnelle des

  1. Miss Putnam, qui vient de soutenir avec un succès si exceptionnel sa thèse de doctorat, à la Faculté de médecine de Paris, est une boursière de la ville de New-York ; ce fait se recommande à l’émulation de nos villes.