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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

Lorsque ces réformes s’imposent à un pays, il faut en effet encourager les citoyens à les préparer, à y apporter leurs vues et à émettre leurs idées par toutes les voies possibles. En France surtout, l’ignorance et les préjugés des femmes, leur docilité niaise à accepter par suite des idées toutes faites, ont une influence si funeste, quelquefois si fatale, qu’on ne saurait dépenser trop d’énergie à leur faire connaître leurs devoirs et à les mettre en possession de leurs droits. Il y a là une question de salut public qu’on ne résoudra certes point en bâillonnant la presse, en étouffant la liberté et en mettant, selon le langage de Lamartine, la main de la police sur la bouche du pays. Car il est trop prouvé que nos troubles moraux, économiques et politiques sont le résultat d’une longue compression qui a empêché de mûrir les idées et de provoquer des améliorations utiles ou urgentes dans les lois, les institutions et les mœurs.

Heureux donc, mille fois heureux, les peuples où, comme chez les Anglais, les femmes peuvent le disputer en sagesse aux hommes dans l’étude des problèmes sociaux les plus ardus ; préparant par la liberté des voies à la justice et à l’honneur, ils se rendront dignes de cueillir le précieux rameau d’or qui doit leur ouvrir des mondes nouveaux.


DISCOURS DE MADAME TAYLOR, PRÉSIDENTE[1].


« Messieurs et Mesdames,

Je suis très-sensible à l’honneur et au privilége de présider cette réunion. L’affluence des personnes qui s’y pressent et l’augmentation des membres de notre association attestent le progrès de notre cause, et nous donnent lieu de conclure que le nombre de nos adversaires diminue en raison de l’accroissement de nos adhérents ;

  1. Rapport d’un meeting tenu à Londres par la Société nationale pour le suffrage des femmes.