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pendant ils se comportaient fort différemment, car aussitôt que la lumière tombait sur eux, ils se retiraient dans leurs galeries avec une rapidité presque instantanée. Cela arriva peut-être une fois sur douze. Quand ils ne se retiraient pas tout de suite, il leur arrivait souvent de soulever du sol l’extrémité antérieure, effilée, de leur corps, comme si leur attention était excitée et comme s’ils éprouvaient de la surprise ; ou bien ils remuaient leur corps de côté et d’autre comme s’ils cherchaient à toucher quelque chose. Ils semblaient souffrir de la lumière, mais je doute que cette souffrance fût réelle ; car, dans deux cas, après s’être retirés lentement, ils restèrent longtemps l’extrémité antérieure saillant un peu de l’ouverture de leur galerie, et dans cette position ils étaient toujours prêts à se retirer instantanément et tout à fait.

Quand, au moyen d’une large lentille, on concentrait sur leur extrémité antérieure la lumière d’une bougie, en général ils se retiraient tout de suite ; mais cette lumière concentrée manqua d’agir peut-être une fois sur six. Une fois, la lumière fut concentrée sur un ver gisant dans une soucoupe sous l’eau et il se retira immédiatement dans sa galerie. Dans tous les cas, la durée d’action de la lumière, à moins que celle-ci ne fût extrêmement faible, n’apportait pas grande différence dans le résultat ; car des vers laissés exposés à une lampe à pétrole ou à une chandelle se retiraient régulièrement dans leur galerie dans un intervalle de cinq à quinze minutes ; et si le soir on éclairait les pots, avant que les vers ne fussent sortis de leurs