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lequel on avait éparpillé des feuilles tombées ; celles-ci furent bientôt entraînées dans les galeries jusqu’à une profondeur de 3 pouces. Au bout d’environ six semaines, une assise presque uniforme de sable, épaisse d’un centimètre (0,4 de pouce) fut convertie en humus pour avoir passé par le canal alimentaire de ces deux vers. Certaines personnes croient que les galeries de vers qui souvent pénètrent dans le sol presque perpendiculairement jusqu’à une profondeur de 5 à 6 pieds, contribuent efficacement à son drainage, bien que les déjections visqueuses empilées au-dessus de l’ouverture des galeries rendent impossible ou du moins difficile l’entrée directe de l’eau de pluie. Ces galeries permettent à l’air de pénétrer profondément dans le sol. Elles facilitent aussi beaucoup la descente des racines de taille modérée et celles-ci se nourrissent sans doute de l’humus dont sont revêtues les galeries. Beaucoup de graines doivent leur germination à ce qu’elles ont été recouvertes par des déjections ; et d’autres, enfouies à une profondeur considérable au-dessous de masses de déjections accumulées, attendent dans un état de léthargie que quelque accident à venir les mette à découvert pour germer enfin.

Les vers sont pauvrement doués, au point de vue des organes des sens ; car on ne peut pas dire d’eux qu’ils voient, bien qu’ils puissent tout juste distinguer la lumière de l’obscurité ; ils sont complètement sourds, leur odorat est faible et le sens du toucher est seul bien développé. Ils ne peuvent donc pas apprendre grand’-chose au sujet du monde extérieur, et il est surprenant