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certaine distance pendant toute l’année, mais cela n’arrive que pour celles rejetées pendant la pluie ou peu de temps après ; les résultats précédents sont par suite exagérés d’autant. D’un autre côté, pendant la pluie, beaucoup de la terre la plus fine est emportée à une distance considérable des déjections, même quand la pente est extrêmement douce, et cette terre est ainsi tout à fait perdue, du moins pour les calculs de tout à l’heure. Les déjections déposées par un temps sec perdent de la même manière, quand elles ont durci, une quantité considérable de terre fine. Les déjections desséchées sont d’ailleurs capables de se désagréger en petites boulettes, qui souvent roulent en bas de toute surface en pente, ou bien elles sont emportées par le vent. Ainsi donc, le résultat cité plus haut, c’est-à-dire que 2,4 pouces cubiques de terre (pesant 1,85 once à l’état humide) dépassent par an une ligne longue d’une toise de la sorte déjà indiquée, n’est probablement pas fort exagéré, si même il l’est de quelque façon.

C’est là une quantité bien faible ; mais il faut songer combien de vallées se ramifient et divisent la plupart des pays, leur longueur totale doit être très grande, et cette terre est continuellement en train de descendre le long des deux flancs gazonnés de chaque vallée. Pour chaque 100 toises de longueur dans une vallée à côtés inclinés comme dans les cas précédents, il y aura chaque année 480 pouces cubiques de terre humide pesant plus de 23 livres qui atteindront le fond de cette vallée. Là, il s’accumulera un épais lit d’alluvium prêt