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tères se succèdent dans nos méthodes comme se sont succédées dans le temps les adaptations diverses des organismes qu’ils nous servent à classer. Les classifications dont la sécheresse était jadis légendaire, deviennent ainsi toutes palpitantes d’un intérêt historique, car elles nous racontent pour ainsi dire les vicissitudes nombreuses par lesquelles le Règne animal a passé.

Mais cette histoire, chaque individu nous la répète encore en abrégé durant toute la période de son développement embryogénique. Bien des animaux rayonnés sont libres à l’âge adulte ; un grand nombre d’entre eux trahissent cependant leur origine en se fixant au sol durant les premières phases de leur vie ; un grand nombre d’animaux terrestres affirment encore leur origine aquatique en venant pondre dans les eaux où se développent leurs petits ; d’autres, qui sont aquatiques à l’état adulte, viennent au contraire pondre à terre comme le font les Tortues. C’est la conséquence de cette loi de l’hérédité aux âges correspondants de la vie si bien mise en lumière par Darwin et qui, jointe à la loi de l’accélération métagénésique dont nous avons montré les effets dans notre livre sur les Colonies animales, doit être considérée comme la clef de voûte de toutes les théories embryogéniques. L’Embryogénie désormais comprise comme la répétition abrégée de l’histoire de chaque espèce, prend, à son tour, une importance énorme pour la détermination des affinités des êtres. Un lien des plus intimes unit l’ordre de succession paléontologique des espèces, à leur mode d’organisation, à leur mode de développement, et ce lien une fois établi, il devient aisé d’assigner aux diverses espèces leur place dans nos méthodes.

Tel est le caractère de la révolution profonde que le transformisme a accomplie dans les sciences naturelles, révolution qui date de la publication de ces deux beaux