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Hensen affirme qu’il existe 53,767 vers dans une acre de terre ; mais cette évaluation est basée sur le nombre d’animaux trouvés dans les jardins, et il pense qu’il n’en vit que moitié autant environ dans les champs de blé. On ne sait pas combien il en vit dans les vieilles prairies ; mais en supposant qu’il vive moitié du nombre précédent, ou 26,886 dans un sol de ce genre, et en prenant, d’après le tableau de tout à l’heure, 15 tonneaux comme le poids des déjections déposées annuellement sur une acre, chaque ver doit rejeter 20 onces par an. Une déjection de bonne taille, à l’ouverture d’une seule galerie a souvent, comme nous l’avons vu, plus d’une once de poids ; et il est probable que les vers rejettent plus de vingt d’elles en un an. S’ils rejettent plus de 20 onces par an, nous sommes en droit de conclure que le nombre des vers qui vivent dans une acre de pâturage doit être inférieur à 26,886.

Les vers vivent principalement dans la terre végétale de la surface, et elle est d’ordinaire épaisse de 4 ou 5 pouces à 10 et même 12 ; et c’est cette terre végétale qui passe et repasse par leur corps et est apportée à la surface. Mais il arrive que les vers creusent dans le sous-sol à une profondeur beaucoup plus grande, et alors ils apportent de cette profondeur plus grande de la terre, et cela a continué d’avoir lieu pendant des périodes de temps incalculables. L’assise superficielle de terre végétale finirait donc, bien qu’avec une vitesse de plus en plus ralentie, par acquérir une épaisseur égale à la profondeur même à laquelle les vers poussent leurs galeries, s’il n’y avait pas d’autres influences