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replié étroitement sur lui-même, de venir en contact avec le sol froid environnant ; ce contact pourrait peut-être gêner leur respiration, qui s’effectue par la peau seulement.

Après avoir avalé de la terre, que ce soit pour creuser sa galerie ou pour s’en nourrir, le ver vient bientôt à la surface pour y vider son corps. La terre rejetée est intimement mêlée aux sécrétions de l’intestin, et est rendue par là visqueuse. Après s’être séchée, elle devient dure. J’ai observé des vers pendant l’acte de la défécation ; quand la terre était dans un état très fluide, elle était évacuée par petits jets, et quand elle n’était pas aussi liquide, par un lent mouvement péristaltique. Elle n’est pas rejetée indifféremment d’un côté quelconque, mais au contraire avec un certain soin d’abord d’un côté et ensuite de l’autre, la queue servant presque de truelle. Dès qu’un petit amas est formé, le ver évite, en apparence par raison de sûreté, de faire saillir sa queue au dehors, et la matière terreuse est comprimée de façon à traverser la masse molle précédemment déposée. L’ouverture d’une même galerie est employée dans ce but pendant une longue période de temps. Dans le cas des déjections turriformes (voir la fig. 2) des environs de Nice, et des tours analogues mais encore plus grandes provenant du Bengale (elles vont être décrites et figurées ci-après), la construction trahit un haut degré d’habileté. M. le Dr King a observé que le passage remontant à l’intérieur de ces tours ne se trouvait guère jamais sur la même ligne que la galerie sous-jacente, de sorte qu’on ne pou-