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À Abinger, en Surrey, j’ai trouvé deux galeries terminées par des chambres analogues à une profondeur de 36 à 41 pouces, et elles étaient revêtues ou pavées de petits cailloux, à peu près de la grosseur de graines de moutarde ; dans l’une des chambres, il y avait un grain d’avoine en décomposition, avec son enveloppe. Hensen indique de même que le fond des galeries est garni de petites pierres ; là où les vers n’avaient point pu s’en procurer, ils s’étaient, semblait-il, servis de graines de poire ; jusqu’à quinze d’entre elles avaient été transportées dans une seule galerie, et l’une d’elles[1] avait germé. Nous voyons par là avec quelle facilité pourrait se tromper un botaniste qui, voulant apprendre combien de temps restent vivantes des graines enfouies à une grande profondeur dans le sol, aurait recueilli de la terre à une profondeur considérable, en supposant qu’elle ne pût contenir que des graines ayant été longtemps enfouies. Il est probable que les petites pierres aussi bien que les graines sont avalées pour passer de la surface au fond de la galerie ; car un nombre considérable de perles en verre, de morceaux de verre et de tuile ont certainement été transportés ainsi par des vers tenus dans des pots ; mais il se peut que quelques-uns de ces objets aient été transportés dans l’intérieur de la bouche. La seule conjecture que je puisse former sur la raison qui porte les vers à garnir leur quartier d’hiver de petites pierres et de graines, c’est qu’ils veulent empêcher leur corps

  1. Zeitschrift für wissenschaft. Zoolog. Vol. XXVIII, 1877, p. 356.