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Certains écrivains ayant exprimé des doutes sur ce fait que les vers avalent de la terre dans le seul but de creuser leurs galeries, je citerai encore quelques autres observations. Une masse de sable rougeâtre, d’une épaisseur de 23 pouces, laissée sur le sol pendant environ deux ans, avait été percée en beaucoup de places par les vers ; et leurs déjections consistaient, en partie, en sable rougeâtre, et, en partie, en terre noire apportée de dessous la masse de sable. Ce sable avait été retiré d’une profondeur considérable et il était de nature si pauvre que les mauvaises herbes mêmes n’y poussaient pas. Il est par suite très improbable qu’il ait été avalé par les vers comme nourriture. De plus, dans un champ près de ma maison, souvent les déjections consistent en craie presque pure qui se trouve à une petite profondeur au-dessous de la surface ; et ici il est de même fort peu probable que la craie ait été avalée pour la quantité minime de matière organique qui aurait pu y filtrer du maigre pâturage qui la recouvre. Enfin je soumis à un lavage les déjections repoussées à travers le mortier durci et décomposé entre les carreaux dont avaient jadis été pavés les bas côtés de l’abbaye maintenant ruinée de Beaulieu, et il ne resta que les éléments les plus grossiers isolés. Ils consistaient en grains de quartz, de schiste micacé, d’autres roches, de briques ou de carreaux, beaucoup d’entre eux de 1/20 à 1/10 de pouce en diamètre. Personne n’ira supposer que ces grains aient été avalés comme nourriture, et pourtant ils formaient plus de la moitié des matières rejetées, car ils pesaient 19 grains,