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  Les hybrides et les métis. 349

savoir, basée sur une seule observation, et paraît être directement contraire aux résultats de plusieurs expériences faites par Kölreuter.

Telles sont les seules différences, d’ailleurs peu importantes, que Gärtner ait pu signaler entre les plantes hybrides et les plantes métisses. D’autre part, d’après Gärtner, les mêmes lois s’appliquent au degré et à la nature de la ressemblance qu’ont avec leurs parents respectifs, tant les métis que les hybrides, et plus particulièrement les hybrides provenant d’espèces très voisines. Dans les croisements de deux espèces, l’une d’elles est quelquefois douée d’une puissance prédominante pour imprimer sa ressemblance au produit hybride, et il en est de même, je pense, pour les variétés des plantes. Chez les animaux, il est non moins certain qu’une variété a souvent la même prépondérance sur une autre variété. Les plantes hybrides provenant de croisements réciproques se ressemblent généralement beaucoup, et il en est de même des plantes métisses résultant d’un croisement de ce genre. Les hybrides, comme les métis, peuvent être ramenés au type de l’un ou de l’autre parent, à la suite de croisements répétés avec eux pendant plusieurs générations successives.

Ces diverses remarques s’appliquent probablement aussi aux animaux ; mais la question se complique beaucoup dans ce cas, soit en raison de l’existence de caractères sexuels secondaires, soit surtout parce que l’un des sexes a une prédisposition beaucoup plus forte que l’autre à transmettre sa ressemblance, que le croisement s’opère entre espèces ou qu’il ait lieu entre variétés. Je crois, par exemple, que certains auteurs soutiennent avec raison que l’âne exerce une action prépondérante sur le cheval, de sorte que le mulet et le bardot tiennent plus du premier que du second. Cette prépondérance est plus prononcée chez l’âne que chez l’ânesse, de sorte que le mulet, produit d’un âne et d’une jument, tient plus de l’âne que le bardot, qui est le produit d’une ânesse et d’un étalon.

Quelques auteurs ont beaucoup insisté sur le prétendu fait que les métis seuls n’ont pas des caractères intermédiaires à ceux de leurs parents, mais ressemblent beaucoup à l’un d’eux ; on peut démontrer qu’il en est quelquefois de même chez les hybrides,