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AUX PÉRIODES CORRESPONDANTES.

développées, peuvent fournir des graines semblables. Dans les diverses races gallines, provenues d’une seule espèce, les différences dans les œufs, les poulets, les plumages de la première mue et des suivantes, la crête et les caroncules, sont toutes héréditaires. Il en est de même, pour l’homme, des particularités des deux dentitions ; la longévité est aussi souvent transmissible. Dans nos races améliorées de bétail et de moutons, la précocité, comprenant un prompt développement des dents ; l’apparition précoce de caractères secondaires sexuels chez certaines races gallines, sont autant de faits qui se rattachent à l’hérédité aux périodes correspondantes.

Le ver à soie en offre un des meilleurs exemples ; car, dans les races qui transmettent le mieux leurs caractères, les œufs diffèrent de grosseur, de couleur et de forme, — les vers varient par la couleur, par le nombre des mues, qui peut être de trois ou de quatre, par une marque foncée ressemblant à un sourcil, par la perte de certains instincts ; — les cocons diffèrent par la forme, la grosseur, la couleur et la qualité de la soie ; et malgré toutes ces différences le papillon définitif est à peu près toujours le même.

On peut dire que si, dans les cas précités, une nouvelle particularité devient héréditaire, elle ne peut l’être qu’à la phase correspondante du développement ; car un œuf ou une graine ne peuvent ressembler qu’à un œuf ou une graine, et la corne d’un bœuf adulte ne peut ressembler qu’à une corne. Les cas qui suivent montrent plus clairement l’hérédité aux époques correspondantes, parce qu’ils ont trait à des particularités qui auraient pu surgir plus tôt ou plus tard, et qui cependant ont été héritées à la même période que celle où elles avaient paru pour la première fois.


Dans la famille Lambert, les excroissances de l’épiderme ont paru chez les fils et chez le père, au même âge, environ neuf semaines après la naissance[1]. Dans la famille velue si extraordinaire décrite par M. Crawfurd[2], trois générations d’enfants vinrent au monde avec les oreilles velues ; le poil avait commencé à pousser sur le corps du père à l’âge de six ans ; plus tôt chez sa fille, à un an ; dans les deux générations, les

  1. Prichard, Phys. Hist. of Mankind, 1851, vol. I, p. 349.
  2. Embassy to the Court of Ava, vol. I, p. 320. — La troisième génération a été décrite par le Cap. Yule dans Narrative of the Mission to the Court of Ava, 1855, p. 94.