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REMARQUES FINALES

pourraient surgir étant très-variées, il n’y aurait que fort peu de chances en faveur de l’appariage de deux oiseaux ayant varié d’une manière semblable ; néanmoins il se pourrait qu’un oiseau présentant une variation vint à la transmettre seul à sa descendance, laquelle se trouvant exposée aux mêmes conditions qui ont déterminé la première variation, hériterait en outre de son ascendant modifié la tendance à varier de la même manière. Il en résulte que si les conditions étaient de nature à provoquer une variation particulière, tous les oiseaux pourraient, au bout d’un certain temps, se trouver semblablement modifiés. Mais le résultat le plus ordinaire serait plutôt qu’un oiseau variât dans un sens, et un autre dans un sens différent ; l’un ayant un bec plus long, un second plus court ; l’un ayant quelques plumes noires, un autre des plumes blanches ou rouges ; et tous ces oiseaux s’entre-croisant continuellement, le résultat final serait un ensemble d’individus, différant légèrement les uns des autres sur beaucoup de points, mais certainement plus que les bizets primitifs. Mais il n’y aurait aucune tendance à la formation de races distinctes.

Si maintenant on traitait, comme nous venons de le dire, deux lots de pigeons, l’un en Angleterre, l’autre dans un pays tropical, les deux étant nourris d’aliments dissemblables, différeraient-ils après un certain nombre de générations ? Si nous considérons les cas donnés dans le vingt-troisième chapitre, et les différences qui existaient autrefois entre les races de bétail, moutons, etc., dans presque chaque contrée de l’Europe, nous sommes fortement tentés d’admettre que nos deux lots seraient modifiés d’une manière différente par l’influence du climat et de la nourriture. Mais les preuves de l’action définie des changements de condition sont insuffisantes dans la plupart des cas ; et pour ce qui concerne les pigeons, ayant eu l’occasion d’examiner une grande collection de ces oiseaux domestiques, que Sir W. Elliot m’a envoyée de l’Inde, j’ai trouvé qu’ils présentaient des variations remarquablement semblables à celles des pigeons européens.

Si l’on enfermait ensemble deux races distinctes en nombre égal, il y a lieu de penser que, jusqu’à un certain point, elles préféreraient s’apparier avec leur propre type, mais cependant elles pourraient aussi s’entre-croiser ; et vu l’accroissement de la