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REMARQUES FINALES.

fragment de rocher tombant d’une hauteur doit sa forme à un accident.

Il vaut la peine d’examiner les résultats de l’exposition à des conditions artificielles d’un grand nombre d’animaux de la même espèce, pouvant librement s’entre-croiser sans l’intervention d’aucune sélection ; et de considérer ensuite les résultats lorsque la sélection est appelée à entrer en jeu. Supposons que cinq cents bizets sauvages soient enfermés dans une volière dans leur pays natal, nourris comme les pigeons le sont ordinairement, et qu’on ne les laisse pas augmenter en nombre. Les pigeons se propageant très-rapidement, je suppose qu’il fallût annuellement en tuer au hasard mille ou quinze cents. Après plusieurs générations, nous pouvons être certains que quelques-uns des pigeonneaux présenteraient quelques variations qui tendraient à être héréditaires ; car actuellement il apparaît souvent de légères déviations de conformation, mais qui sont rejetées comme tares, parce que la plupart des races sont bien établies. Nous n’en finirions pas si nous voulions entreprendre l’énumération de la multitude des points qui varient encore ou ont récemment varié. Une foule de variations corrélatives se présenteraient : — entre la longueur des rémiges et rectrices, — entre le nombre des rémiges primaires, le nombre et la largeur des côtes, et la taille et la forme du corps, — le nombre des scutelles et la grandeur des pattes, — entre la longueur du bec et celle de la langue, — entre la grandeur des narines et celle des paupières, la forme de la mandibule inférieure et le développement des caroncules, — entre la nudité des oiseaux à l’éclosion et la couleur de leur plumage futur, — entre la grandeur des pattes et celle du bec, — et une foule d’autres points. Enfin comme nous supposons nos oiseaux enfermés dans une volière, où ils ne se serviraient que peu de leurs ailes et de leurs pattes, certaines parties de leur squelette, telles que le sternum, les omoplates et les membres, subiraient par conséquent une certaine réduction dans leur grosseur.

Dans le cas que nous supposons, comme il faudrait chaque année tuer sans distinction un assez grand nombre d’oiseaux, toute variété nouvelle n’aurait aucune chance de survivre assez longtemps pour se reproduire ; d’ailleurs les variations qui