Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/456

Cette page a été validée par deux contributeurs.
449
REMARQUES FINALES

les parties homologues — telles que les membres antérieurs et postérieurs — les poils, les cornes et les dents, — nous voyons que les parties qui sont semblables dans les premières phases du développement, et se trouvent soumises à des conditions également semblables, sont aptes à être modifiées d’une manière analogue, et que ces parties homologues, étant de même nature, tendent à se fusionner entre elles, et à varier de nombre lorsqu’elles sont multiples.

Bien que toute variation soit causée directement ou indirectement par quelque changement dans les conditions ambiantes, nous ne devons jamais oublier que l’action de celles-ci est essentiellement réglée par la nature de l’organisation sur laquelle elles agissent. Des organismes distincts, placés dans des conditions semblables, peuvent varier de manières différentes, tandis que d’autres organismes très-voisins, placés dans des conditions dissemblables, varient souvent d’une manière très-analogue. C’est ce que nous montrent les cas où une même modification peut se représenter à de longs intervalles chez une même variété, et aussi les divers cas remarquables que nous avons signalés de variétés analogues ou parallèles ; et si dans ces derniers il en est quelques-uns qu’on puisse expliquer par le retour, il n’en est pas de même de tous.

La variabilité de nos produits domestiques pourra être au plus haut degré compliquée : — par l’action indirecte des changements de conditions sur l’organisation, en tant qu’ils affectent l’intégrité des organes reproducteurs ; — par leur action directe sur les individus d’une même espèce, qui sera autre suivant de légères différences constitutionnelles, et pourra les faire varier tantôt d’une même manière tantôt d’une manière différente ; — par l’effet de l’augmentation ou de la diminution de l’usage des organes, — et par la corrélation. L’organisation dans son entier devient ainsi légèrement plastique. Bien que chaque modification doive avoir sa cause déterminante, et être soumise à une loi, nous pouvons si rarement saisir la relation précise entre la cause et l’effet, que nous sommes portés à parler des variations comme si elles naissaient d’une manière spontanée. Nous pouvons même les appeler accidentelles, mais dans le sens seulement que nous attacherions au terme en disant, par exemple, qu’un