Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/444

Cette page a été validée par deux contributeurs.
437
REMARQUES FINALES

logie. De nouveaux caractères peuvent s’attacher exclusivement au sexe chez lequel ils ont apparu d’abord, ou se développer beaucoup plus fortement dans un sexe que dans l’autre, ou encore, après s’être d’abord fixés sur un sexe, se transporter partiellement sur le sexe opposé. Ces faits, et surtout la circonstance que les nouveaux caractères paraissent spécialement, sans cause connue, s’attacher au sexe mâle, ont une assez grande portée relativement à la tendance qu’ont les animaux, dans l’état de nature, à acquérir des caractères sexuels secondaires.

On a voulu quelquefois prétendre que nos produits domestiques ne diffèrent pas entre eux par des particularités constitutionnelles ; mais une pareille assertion est insoutenable. Dans notre bétail amélioré, porcs, etc., la période de maturité, en y comprenant celle de la deuxième dentition a été considérablement avancée. La durée de la gestation varie beaucoup, mais n’a été modifiée d’une manière fixe que dans un ou deux cas. Chez nos poules et nos pigeons, les jeunes diffèrent par le duvet et leur premier plumage, et les mâles par leurs caractères sexuels secondaires. Les mues par lesquelles passent les vers à soie varient par le nombre. Les aptitudes à l’engraissement, à la production du lait, ou à celle d’un grand nombre de jeunes ou d’œufs à chaque portée ou pendant la vie, sont très-différentes, suivant les races. On peut remarquer des degrés différents d’adaptation au climat, diverses tendances à certaines maladies, aux attaques de parasites, et à l’action de certains poisons végétaux. Chez les plantes, l’adaptation à certains sols, comme pour quelques pruniers, la résistance au gel, les époques de floraison et de fructification, la durée de la vie, l’époque de la chute des feuilles, ou l’aptitude à les conserver pendant l’hiver, les proportions et la nature de certains composés chimiques des tissus ou de la graine, toutes ces circonstances sont variables.

Il y a toutefois une différence constitutionnelle fort importante entre les races domestiques et les espèces ; je veux parler de la stérilité qui résulte presque invariablement, à un degré plus ou moins prononcé, du croisement des espèces, et de la fécondité parfaite des races domestiques les plus distinctes, lorsqu’on les croise entre elles, à l’exception d’un petit nombre de plantes seulement. Il est certainement très-remarquable