Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/443

Cette page a été validée par deux contributeurs.
436
REMARQUES FINALES.

forme etc., des poils, plumes, cornes, et autres appendices dermiques.

On a souvent soutenu que les parties importantes ne varient jamais sous la domestication, mais c’est une grande erreur. Il n’y a qu’à regarder le crâne d’une de nos races les plus améliorées du porc, dont les condyles occipitaux sont fortement modifiés, ainsi que d’autres parties ; ou encore celui du bœuf niata. Dans les diverses races du lapin, le crâne allongé, le trou occipital, l’atlas et les vertèbres cervicales ont des formes bien différentes. Celles du cerveau et du crâne du coq Huppé ont été fortement modifiées ; dans d’autres races gallines, le nombre des vertèbres et les formes des vertèbres cervicales ont été changés. La forme de la mâchoire inférieure, la longueur relative de la langue, les dimensions des narines et des paupières, le nombre et la forme des côtes, la grosseur et l’apparence du jabot, ont tous varié chez les pigeons. Dans quelques mammifères, la longueur des intestins a beaucoup augmenté ou diminué. Chez les végétaux, nous remarquons des différences étonnantes dans les noyaux de divers fruits. Plusieurs caractères de haute importance, tels que la position sessile des stigmates sur l’ovaire, la position des carpelles dans le même organe, et sa saillie hors du réceptacle, ont varié chez les Cucurbitacées.

On sait combien les dispositions mentales, les goûts, les habitudes, le son de voix ont varié et sont devenus héréditaires chez nos animaux domestiques. Le chien nous offre l’exemple le plus frappant de changements dans les facultés mentales, et de telles différences ne peuvent être attribuées à une descendance de types sauvages distincts. De nouvelles dispositions mentales ont certainement été souvent acquises, et d’autres naturelles se sont perdues, sous l’influence de la domestication.

De nouveaux caractères peuvent apparaître ou disparaître aux diverses phases de la croissance, et être hérités à l’époque correspondante. Nous voyons cela dans les différences que présentent les œufs des diverses races de poules, le duvet des poulets, et surtout les vers et les cocons de plusieurs races de vers à soie. Ces faits, tout simples qu’ils paraissent, jettent du jour sur les caractères qui distinguent les formes larvaires et adultes d’espèces naturelles, et sur l’ensemble de l’embryo-