Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/429

Cette page a été validée par deux contributeurs.
422
HYPOTHÈSE PROVISOIRE

y a dans leur fréquence, quoique pas dans leur nature, des différences importantes entre les variations des plantes propagées par génération sexuelle et asexuelle. En tant que la variabilité dépende d’une action imparfaite des organes reproducteurs, motivée par des changements dans les circonstances extérieures, nous voyons d’emblée pourquoi les plantes levées de graine doivent être plus variables que celles qui se propagent par bourgeons. Nous savons que des causes fort minimes, — le fait, par exemple, qu’un arbre a été greffé, ou a crû sur son propre tronc, la position des graines dans leurs capsules ou celle des fleurs sur l’épi, — suffisent quelquefois pour provoquer une variation dans une plante levée de graine. Or il est probable, comme nous l’avons expliqué en parlant de la génération alternante, que le bourgeon est formé d’une portion de tissu déjà différencié ; par conséquent, un organisme ainsi constitué ne passera pas par les premières phases du développement, et se trouvera, à un âge où sa conformation serait le plus facilement modifiable, moins exposé aux causes diverses qui peuvent provoquer la variabilité ; mais il est possible que cette explication de la difficulté soit encore insuffisante.

Quant à la tendance au retour, on peut remarquer des différences semblables entre les plantes propagées par bourgeons ou par graines. Un grand nombre de variétés, qu’elles aient été produites originellement par l’un ou l’autre mode, peuvent être sûrement propagées par bourgeons, mais font généralement, ou même toujours, retour par graine. Ainsi encore, les plantes hybrides peuvent être multipliées autant qu’on le veut par bourgeons, mais sont toujours sujettes à faire retour lorsqu’on les propage par graine, — c’est-à-dire à perdre leurs caractères hybrides ou intermédiaires. Je ne trouve aucune explication satisfaisante de ce fait. Voici encore un exemple plus embarrassant : certaines plantes à feuillage panaché, des Phlox à fleurs rayées, des épines-vinettes à fruits sans graines, peuvent tous être propagés avec certitude par les bourgeons de boutures, mais les bourgeons qui se développent sur les racines de ces boutures, perdent presque invariablement leurs caractères, et font retour à leur état antérieur.

Nous voyons finalement que, dans l’hypothèse de la pan-