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DE LA PANGENÈSE.

qu’ils soient très-sujets à transposition. Il faut remarquer que lorsqu’une partie composée, telle qu’un membre ou une antenne supplémentaires, part d’une fausse position, il suffit pour cela que les premières gemmules aient été mal attachées, puisqu’en se développant, elles attirent les autres suivant une succession voulue, comme dans la régénération d’un membre amputé. Lorsque des parties qui sont homologues et semblables par leur structure, comme les vertèbres chez les serpents, ou les étamines des fleurs polyandriques, etc., se répètent fréquemment dans le même organisme, des gemmules très-voisines par leur nature doivent être fort nombreuses, ainsi que les points avec lesquels elles doivent s’unir ; nous pouvons donc, d’après ce qui précède, comprendre jusqu’à un certain point la loi posée par Isidore-Geoffroy Saint-Hilaire, que les parties qui sont déjà multiples, soient très-sujettes à varier par le nombre.

Les mêmes principes généraux s’appliquent à la fusion des parties homologues ; et, quant aux simples adhérences, elles doivent probablement être toujours accompagnées de quelque degré de fusion, au moins près de la surface. Lorsque, pendant leur premier développement, deux embryons arrivent en contact, comme tous deux renferment des gemmules correspondantes, qui sous tous les rapports doivent être de nature identique, il n’est pas étonnant que les gemmules dérivées des deux embryons se réunissent au point de contact à une ou plusieurs cellules naissantes, et produisent ainsi une partie ou organe unique. Deux embryons pourraient ainsi arriver à avoir sur les côtés adjacents un bras unique et symétrique, qui, dans un certain sens, aurait été formé par la fusion des os, muscles, etc., appartenant aux bras des deux individus. Dans le cas décrit par Lereboullet chez un poisson, dans lequel une tête double s’est graduellement fondue en une seule, les choses ont dû se passer de la même manière, outre la résorption de toutes les parties déjà formées. Ces cas sont précisément l’inverse de ceux dans lesquels une partie se double spontanément ou à la suite d’une lésion ; car, dans le cas du doublement, les gemmules surabondantes de la même partie se développent séparément en s’unissant aux points adjacents ; tandis que dans les cas de fusion, les gemmules dérivées de