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HYPOTHÈSE PROVISOIRE

Avant de montrer, premièrement, jusqu’à quel point ces suppositions sont en elles-mêmes probables et, secondement, jusqu’à quel point elles lient et expliquent les différents groupes de faits dont nous nous sommes occupés, je crois devoir donner un exemple de l’hypothèse. Si un Protozoaire de l’ordre le plus simple, est, comme il le paraît sous le microscope, formé d’une petite masse homogène de matière gélatineuse, un atome imperceptible émanant d’un point quelconque de cette masse et nourri dans des circonstances favorables, devra naturellement reproduire le tout ; mais si les surfaces

    cellule primaire fécondé ne sont pas tous nécessaires pour la formation du corps dans tous les animaux ; quelques-uns des germes-cellules dérivés peuvent rester intacts et être inclus dans le corps qui a été constitué par leurs semblables, métamorphosés ou combinés de diverses manières ; ainsi inclus, tout germe-cellule dérivé, ou son noyau, peut commencer et répéter par imbibition la même marche de croissance et de propagation par scission spontanée, de même que celui auquel il doit lui-même son origine, etc. »

    C’est par l’action de ces germes-cellules que le professeur Owen explique la parthénogenèse, la propagation par division spontanée et la réparation des lésions. Sa manière de voir concorde avec la mienne par la transmission supposée et la multiplication de ses germes-cellules, mais en diffère fondamentalement par le fait qu’il croit que le germe-cellule primaire s’est formé dans l’ovaire de la femelle, et a été fécondé par l’élément mâle. Je suppose que la formation de mes gemmules est indépendante de tout concours sexuel, et a lieu dans tout le corps par chaque unité séparée, et qu’elles ne font que s’agréger dans les organes reproducteurs.

    M. Herbert Spencer (Principles of Biology, t. I, 1863–4, chap. iv et viii) a discuté longuement ce qu’il appelle des unités physiologiques. Celles-ci concordent avec mes gemmules en ce qu’elles sont supposées se multiplier et être transmises du parent à l’enfant, les éléments sexuels ne leur servant que de véhicule ; elles sont les agents efficaces dans toutes les formes de reproduction et de régénération de tissus ; elles expliquent l’hérédité ; mais, ce qui pour moi est inintelligible, elles ne sont pas appelées à agir sur le retour ou l’atavisme ; on leur suppose une polarité que j’appelle affinité, et sont apparemment regardées comme provenant de chaque partie séparée du corps. Mais les gemmules diffèrent des unités physiologiques de M. Spencer en ce qu’il en faut un certain nombre ou masse, comme nous le verrons, pour le développement de chaque partie ou cellule. J’aurais néanmoins conclu à l’accord fondamental entre les vues de M. Spencer et les miennes, sans quelques passages, qui, autant que je puis les comprendre, indiquent quelque chose de tout différent. Voici quelques passages tirés des pages 254–256 : « Dans le germe fécondé, nous avons deux groupes d’unités physiologiques, différant légèrement par leur structure. » … « Il n’est pas évident qu’un changement dans la forme d’une partie, causé par un changement d’action, entraîne dans les unités physiologiques de tout l’organisme des modifications telles, qu’elles se développeront en organismes ayant la même modification lorsqu’elles seront émises sous forme de centres reproducteurs. Lorsque nous avons traité de l’adaptation, nous avons vu qu’un organe modifié par accroissement ou diminution de fonction ne peut que lentement réagir sur l’ensemble du système de manière à déterminer les changements corrélatifs nécessaires pour produire un nouvel équilibre ; ce n’est cependant qu’après que cet équilibre sera établi que nous pouvons nous attendre à ce qu’il soit complétement exprimé dans les unités physiologiques dont l’organisme est construit, alors seulement que nous pouvons compter sur une transmission complète de la modification aux descendants. » … « Que le changement dans la descendance doive, toutes choses d’ailleurs égales, avoir lieu dans la même direction que chez les parents, paraît être indiqué par le fait que le changement transmis par le système de l’ascendant est une modification vers un nouvel état d’équilibre, qui tend à ramener l’action de tous les organes, y compris ceux de la reproduction, à être en harmonie avec les nouvelles actions. »