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HYPOTHÈSE PROVISOIRE

inséré dans l’oreille d’un bœuf, vécut pendant huit ans, atteignit un poids de 396 grammes[1] et une longueur de 24 centimètres, de sorte que l’animal paraissait avoir trois cornes. Une queue de cochon greffée sur le dos de l’animal, avait repris sa sensibilité. Le Dr  Ollier[2] a inséré sous la peau d’un lapin, un fragment du périoste provenant d’un jeune chien, et il se forma du véritable tissu osseux. La présence fréquente de poils, de dents parfaitement formées et même de dents de seconde dentition, dans certaines tumeurs ovariennes[3], sont des faits analogues, et qui conduisent à la même conclusion.

La question de savoir si tous les éléments innombrables et autonomes du corps, sont des cellules ou des produits modifiés de cellules, — en comprenant sous cette dénomination jusqu’aux corps en forme de cellules, mais sans parois et sans noyau, — est plus douteuse[4]. Le professeur Lionel Beale, emploie le terme de « matière germinale » pour désigner le contenu des cellules dans le sens le plus étendu du mot, et établit une distinction capitale entre la matière germinale et les matériaux formés, qui sont les produits divers des cellules[5]. Mais la doctrine omnis cellula e cellula — est admise chez les plantes, et l’est aussi très-généralement pour les animaux[6]. Ainsi Virchow, grand partisan de la théorie cellulaire, soutient que toute parcelle de tissu dérive de cellules, celles-ci de cellules préexistantes, qui proviennent de l’œuf, qu’il considère comme étant lui-même une grande cellule. Tout le monde reconnaît que des cellules, conservant toujours leur même nature, se multiplient par division spontanée. Mais lorsqu’un organisme subit de grands changements de conformation pendant son développement, les cellules, qu’à chaque état de l’évolution on suppose être directement provenues de cellules existant précédemment, doivent également avoir beaucoup changé de nature ; et les partisans de la théorie cellulaire attribuent ces changements à une pro-

  1. Mantegazza, Degli innesti animali, etc. Milano 1865, p. 51. Tab. 3.
  2. De la production artificielle des os, p. 8.
  3. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, Anomalies, t. II, p. 549, 560, 562. — Virchow, O. C., p. 484.
  4. Pour la plus récente classification des cellules, Ernst Häckel, Generelle Morpholog. 1866 ; t. II, p. 275.
  5. The Structure and growth of tissues, 1865, p. 21, etc.
  6. Dr W. Turner, The present Aspect of Cellular Pathology. Edinburgh Med. Journal, avril 1863.