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DE LA PANGENÈSE.

dans le développement de quelques Échinodermes, car à la seconde phase de son développement, l’animal se forme presque comme un bourgeon dans l’intérieur de celui de la première phase, lequel est ensuite rejeté comme un vieux vêtement, quoique conservant quelquefois pendant un temps très-court une vitalité indépendantes[1].

Si au lieu d’un individu unique, il s’en développe ainsi par métagenèse plusieurs dans une forme préexistante, nous avons ce qu’on a appelé une génération alternante. Les jeunes formes ainsi produites peuvent ou ressembler à la forme parente qui les enveloppait, comme chez les larves de Cécidomyides, ou en différer à un degré étonnant, comme dans plusieurs vers parasites et les méduses ; mais il n’en résulte aucune différence essentielle dans le procédé, pas plus que dans les métamorphoses plus ou moins brusques et considérables des insectes.

La question du développement a dans son entier une importance majeure pour le sujet qui nous occupe. Lorsqu’un organe, un œil par exemple, se forme métagénétiquement dans un point du corps où il n’en existait aucun dans la phase précédente du développement, il faut regarder cet organe comme une formation nouvelle et indépendante, l’indépendance absolue des nouvelles conformations, des anciennes qui leur correspondent par la fonction, est encore plus manifeste lorsque plusieurs individus se développent dans l’intérieur de l’ancienne forme, comme cela se voit dans les cas de génération alternante. Le même principe doit probablement jouer un grand rôle, même dans les cas de croissance continue, comme nous le verrons lorsque nous traiterons de l’hérédité des modifications aux âges correspondants.

L’étude d’un autre groupe de faits complétement distincts nous conduit à la même conclusion, c’est-à-dire à l’indépendance des parties successivement développées. On sait qu’un grand nombre d’animaux appartenant à la même classe, et par conséquent ne différant pas considérablement entre eux, suivent des cours de développement très-divers. Ainsi certains coléoptères, qui ne sont en aucune façon très-différents d’autres insectes du même ordre, subissent ce qu’on a appelé une

  1. Prof. J. Reay Greene, dans Günther’s, Record of Zoolog., Lit., 1865, p. 625.